Analyse du contexte politique
- amadousamba
- 20 août
- 10 min de lecture
Comme demandé par certains, je résume dans la suite les points clés de l’analyse du CONTEXTE POLITIQUE, présenté lors de la conférence de l’Alliance nationale pour un développement durable et responsable (ANDD-R), en date du 17 août 2025 à Rufisque.
Mon intervention visait à fournir une compréhension stratégique des dynamiques mondiales, régionales et nationales pour guider nos actions.
L'analyse se concentre sur les mutations géopolitiques, les défis et opportunités en Afrique, les enjeux sécuritaires ouest-africains, le bilan politique du Sénégal, les problèmes spécifiques de la ville de Rufisque, tout en explorant les options stratégiques pour l'avenir des acteurs politiques.
Je tiens à exprimer mes plus sincères remerciements à tous les séminaristes (intervenants, invités et participants).
Avant d’aller dans le vif du sujet de ce séminaire, permettez-moi d’avoir une pensée pieuse et respectueuse pour la mémoire des camarades qui nous ont quittés, et tout particulièrement pour notre défunte camarade, Madame Aita Ndiaye GNINGUE, à qui nous dédions notre travail d’aujourd’hui.
Inlassable, elle assistait à nos côtés à chacune de nos activités et manifestations.
Mon intervention au titre de l’analyse du contexte politique sera axée sur :
- Le contexte géopolitique mondial qui se caractérise par une complexité et une incertitude sans précédent ;
- La situation mitigée en Afrique, en traitant des potentialités et nombreux défis ;
- Les crises sécuritaires en Afrique de l’Ouest, entre tensions politiques et attentes prioritaires ;
- Un bilan et les projections pour notre pays, en revenant sur les dernières alternances, les propositions, le plan de redressement, les défis des Sénégalais et des leaders du moment, entre autres ;
- La situation locale à Rufisque, ville historique aux nombreux problèmes où se succède de bonnes volontés alors qu’elle peine à se développer comme nous l’entendons ; et enfin ;
- Les quêtes possibles d’autres options par les uns et les autres (pouvoir, alliés, opposants, société civile, hommes de culte, partenaires techniques et financiers, …) : Y’auraient - ils des barrières infranchissables et des mutations sont-elles inéluctables ?
1. Géopolitique mondiale en pleine mutation
Le monde est passé d'un ordre unipolaire, dominé par les États-Unis après la Guerre froide, à une structure multipolaire caractérisée par une complexité et une incertitude croissantes. Cette nouvelle configuration est le théâtre de rivalités sur de multiples fronts, incluant les dimensions militaire, économique, technologique et informationnelle.
Le contrôle des océans et des routes commerciales, en particulier des détroits et canaux stratégiques, comme le détroit d'Ormuz par lequel transite 30% du commerce mondial d'hydrocarbures (selon nos sources), est devenu un enjeu suprême.
La puissance n'est plus seulement une question de contrôle territorial, mais de capacité à projeter sa force et son influence à travers le globe.
L'approche de l'analyse que je propose, est systémique, cherchant à identifier les chaînes de causalité et les interconnexions plutôt que de se limiter à une simple description des faits, afin de dégager des implications stratégiques pour des acteurs comme l'ANDD-R.
La fin de l'hégémonie américaine, symbolisée par les attentats du 11 septembre 2001 et l'érosion du « soft power » américain, a ouvert la voie à l'émergence de nouvelles puissances concurrentes, notamment les membres des BRICS, qui contestent la domination des institutions internationales traditionnelles.
Des crises régionales majeures illustrent cette multipolarité en action. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 a ramené la géopolitique au premier plan, révélant une contestation de la suprématie occidentale et le retour des logiques de blocs.
La résilience de l'Ukraine dépendrait du sommet entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine tenu ce vendredi 15 août 2025 (il y a quelques jours seulement) en Alaska.
Cela dénote davantage de la mutation profonde avec un semblable d’isolement de l’Union Européenne, dans les grandes décisions et aussi de l’hégémonie des grandes puissances qui, si elles se mettent d’accord imposeront des tendances pas forcément négociées avec toutes les parties prenantes.
Cet événement est d'une importance capitale pour ceux qui s’intéressent à la géostratégie et pour les pays comme le notre.
Au Moyen-Orient, le conflit de Gaza a exacerbé une fragmentation accrue, menant à un affrontement direct entre l'Iran et Israël en juin 2025, ce qui marque une rupture majeure avec le modèle traditionnel des guerres par procuration.
En Asie-Pacifique, la compétition entre la Chine et les États-Unis se manifeste par des tensions permanentes autour de Taïwan, une concurrence technologique (domaine de l’IA, par exemple) et une militarisation croissante des océans. Ces dynamiques montrent un monde fragmenté où les alliances traditionnelles sont tantôt remises en question.
Face à ces mutations, le « Sud » n'est pas un bloc uni, mais un ensemble d'états cherchant à diversifier leurs partenariats pour maximiser leur autonomie stratégique.
La tendance à la dédollarisation et l'expansion des BRICS sont des manifestations concrètes de ce désir d'indépendance. L'expansion des BRICS (avec l'adhésion de l'Iran, de l'Égypte et de l'Arabie saoudite) est la manifestation la plus visible de cette tendance.
Émergent également des citoyens plus informés et plus exigeants cependant submergés par des flots de fake news.
Pour nous (le Sénégal et toute plateforme comme la nôtre), ce nouveau contexte représente à la fois un défi et une opportunité de diversifier ses partenariats et de renforcer sa souveraineté en manœuvrant habilement dans un environnement instable (Cf. mon livre Président-e 3.0, paru en février 2024 et téléchargeable sur Internet).
Mon analyse propose trois scénarios d'évolution jusqu'en 2030 :
- Le désordre différencié (Les rivalités persistent, mais la peur d'une escalade et l’interdépendance) : Prolifération des conflits locaux et des guerres par procuration.
- La confrontation des blocs (Un événement majeur, ex : invasion de Taïwan, provoque une rupture et la formation de blocs rigides) : Guerre mondiale, effondrement des chaînes d'approvisionnement globales, inflation forte.
- Le multilatéralisme de crise (Les menaces existentielles comme le climat, les ressources et les pandémies, obligent une coopération renouvelée) : Échec de la coopération et conséquences systémiques (climatiques, humanitaires).
J’insiste sur la nécessité pour le Sénégal d'adopter une stratégie de diversification et de renforcement structurel pour se positionner avantageusement.
2. Situation mitigée en Afrique, potentialités et nombreux défis
L'Afrique, un continent entre problèmes, espoirs et défis, connaît une croissance démographique rapide et une urbanisation galopante, ce qui exerce une pression considérable sur les services sociaux de base comme l'éducation et la santé, qui peinent à répondre aux besoins croissants.
Une lecture du Planisphère par anamorphose (méthode développée par Gartner et Newman) de la part des pays dans le PIB mondial montre que l’Afrique toute entière, ne pèse presque pas en termes de pouvoir d’achat international et de monnaie si elle est dépensée dans un autre pays, disons même continent.

A mon avis, en la comparant à une carte de Peters (superficie réelle des continents), l’on se rend compte de l’écart entre le potentiel offert par la superficie du continent en face de l’invisibilité économique de l’Afrique.
Le chômage des jeunes reste un problème persistant, tout comme les inégalités sociales, où une grande partie de la richesse est concentrée entre les mains d'une minorité.
La situation sécuritaire est complexe, avec des conflits latents et une instabilité politique qui affectent lourdement le développement.
Sur le plan économique, l'Afrique est riche en ressources naturelles, comme les minerais, les hydrocarbures et les ressources halieutiques. Cependant, leur exploitation est souvent menée par des multinationales étrangères à travers des contrats de concession peu transparents, privant les pays africains de la valeur ajoutée de leurs propres ressources. De plus, les secteurs de la pêche et de l'agriculture, qui emploient une grande partie de la population, souffrent de surpêche illégale (INN) et d'un manque de modernisation, d'investissements, et d'infrastructures. Cela se traduit par des rendements insuffisants et d'énormes pertes post-récolte, menaçant la sécurité alimentaire du continent.
La gouvernance en Afrique est un facteur clé de développement.
Les défis incluent la lutte contre la corruption, l'instabilité politique et la faiblesse des institutions.
Dans le même temps, le continent est un terrain où les rivalités internationales s'expriment pleinement, avec des stratégies d'influence variées de la part de la Chine, de la Russie et des pays occidentaux. Ce qui peut être une grande opportunité si les pays Africains arrivent à déchiffrer la géopolitique et se positionner convenablement, comptes tenus des intérêts de leurs populations.
Je souligne que la Zone de libre-échange continentale (ZLECAF) offre un potentiel énorme de croissance économique et de développement, si elle est bien exploitée.
J’insiste aussi sur le fait que l'industrialisation et la transformation des matières premières sont cruciales pour que l'Afrique puisse exploiter pleinement ses ressources.
La plateforme ANDD-R est appelée à se positionner comme un des catalyseurs du développement durable, en commençant par le renforcement des bases locales et en promouvant le panafricanisme à travers des débats, des activités et de la sensibilisation.
3. Crises sécuritaires en Afrique de l’Ouest, tensions politiques et attentes
L'Afrique de l'Ouest est confrontée à une recrudescence des crises sécuritaires et politiques, notamment une vague de coups d'État militaires dans le Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger). Ces événements découlent d'un mécontentement populaire face à une gouvernance jugée corrompue et inefficace, ainsi que de l'incapacité des États à faire face à certaines menaces croissantes.
Les populations de la région, fatiguées par l'insécurité, la corruption et la mauvaise gestion, vivent dans l'attente d'une gouvernance plus juste, efficace et transparente.
L’insécurité dans la région du Sahel a des conséquences désastreuses, notamment des déplacements massifs de populations et des crises humanitaires aiguës, affaiblissant la capacité des États à gouverner efficacement.
L'instabilité politique, la mauvaise gouvernance et la corruption érodent la confiance des citoyens en certaines institutions et contribuent au mécontentement social généralisé.
Dans ce contexte, l'absence de transparence et le manque de suffisamment de redditions de comptes exacerbent les tensions et créent un environnement propice à l'instabilité.
Le Sénégal, souvent considéré comme un modèle de démocratie stable en Afrique de l'Ouest, peut jouer un rôle de leader et de médiateur dans la région.
Grâce à sa stabilité politique et à sa neutralité relative, le pays a la possibilité de promouvoir le dialogue, la coopération et l'intégration régionale.
J’insiste sur le fait que le Sénégal doit être un exemple en matière de démocratie, de bonne gouvernance et de progrès, en travaillant en étroite collaboration avec ses partenaires régionaux pour consolider la paix, la sécurité et la prospérité partagée.
4. Bilan et projections du Sénégal
Le Sénégal a une histoire remarquable d'alternances politiques pacifiques, ce qui en fait un modèle démocratique en Afrique.
Les transitions de 2000 (Me Abdoulaye Wade), 2012 (M. Macky Sall) et 2024 (M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye) ont chacune marqué une ère distincte, caractérisée par des projets d'infrastructure majeurs, des politiques de développement comme le Plan Sénégal Émergent (PSE), mais aussi des critiques concernant la corruption, la répression de l'opposition et la concentration du pouvoir.
L'élection de Son Excellence M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye en 2024, symbolise une rupture avec le passé et a suscité un immense espoir de changement auprès de la population, de surcroit auprès des jeunes générations.
Le nouveau régime a présenté la Stratégie Nationale de Développement (SND 2050), une vision ambitieuse pour transformer le Sénégal en un pays souverain, juste et prospère d'ici 2050.
Cette stratégie, fondée sur une approche endogène, repose sur quatre axes majeurs : une économie compétitive, le développement du capital humain, l'aménagement durable et une bonne gouvernance.
Pour faire face aux défis immédiats, comme une dette publique élevée, le gouvernement a également mis en place un Plan de redressement qui vise à mobiliser les ressources domestiques (à hauteur de 90%) et à réduire les dépenses publiques, tout en respectant les engagements internationaux.
Le pays est confronté à des défis majeurs, dont une dette importante qui limite la marge de manœuvre budgétaire, une corruption endémique qui entrave le développement et un besoin urgent de mobiliser des ressources internes pour réduire la dépendance à l'aide internationale.
La modernisation du secteur primaire (agriculture, élevage, pêche) et la réorganisation des institutions sont également cruciales pour assurer la sécurité alimentaire et améliorer la gouvernance.
L'élection du nouveau Président a soulevé des attentes considérables auprès des Sénégalais, en particulier des jeunes, qui attendent des résultats concrets et rapides en termes d'amélioration du niveau de vie et d'accès aux services sociaux.
5. Situation locale à Rufisque, ville historique aux nombreux problèmes
Rufisque est une ville historique, citée dans des documents dès le 14e siècle suivant nos propres recherches.
La ville de rufisque possède un potentiel significatif grâce à son quotient démographique, son rôle dans la décentralisation, sa position et son héritage culturel.
Ces atouts représentent des opportunités à saisir pour planifier une transformation de la ville en une « Ville Verte Viable » (formulée par ANDD-R avec l’équation 3v = 3i + 3e, cherchez la signification sur mon compte Facebook ou mon site web) et en « ville globale ».
Cependant, je souligne que la ville peine à se développer et que des localités environnantes gagnent en attractivité malgré des potentialités moindres, révélant une absence de planification efficace et une stagnation regrettable.
Les problèmes de la ville sont nombreux et variés, incluant des problèmes d'assainissement, l'accès à l'eau, l'érosion côtière et une pauvreté persistante.
De nombreux projets ont vu le jour grâce à l'engagement de leaders locaux, mais les obstacles persistent en raison d'un manque de vision structurée à long terme et de ressources alternatives.
J’insiste sur le fait que la restructuration économique et l'amélioration sociale ne peuvent se faire sans des études approfondies et l'implication de partenaires techniques et financiers (PTF), dans le contexte qui prévaut. Celui du tarissement de ressources financières (comme partout ailleurs).
La plateforme ANDD-R se positionne comme une force de proposition en réaffirmant l'actualité de son Plan de développement durable et responsable pour Rufisque.
Ce plan vise à valoriser l'identité et l'héritage historique de la ville à travers des programmes spécifiques pour la façade atlantique, les quartiers anciens, la culture, l’artisanat, le secteur informel et la jeunesse.
L'analyse conclut que pour surmonter les retards enregistrés, les approches (politique, gouvernance locale, mobilisation) doivent évoluer, notamment par l'intercommunalité et la coopération internationale, afin de permettre à Rufisque d'exploiter pleinement son potentiel.
6. Quêtes possibles d’autres options et inévitables mutations
Face à l'ensemble des défis mondiaux, régionaux et nationaux, les acteurs politiques ne peuvent plus rester attentistes.
J'appelle à un changement de paradigme et j'invite sur le fait qu'il est temps de dépasser les pratiques politiques traditionnelles, souvent qualifiées de « sociales », pour adopter une approche misant sur le développement durable et responsable.
Chaque acteur doit prendre conscience des enjeux, analyser les problèmes et leurs causes profondes et s'engager à relever les priorités du moment.
Il est impératif d'innover dans les approches et de s'adapter, car, comme je le rappelle, « ce ne sont pas les plus forts qui survivent, mais ceux qui savent s'adapter ».
Le Sénégal a besoin d'un « Pouvoir fort, d'une opposition d'opinion et d'acteurs responsables ».
J’exhorte à bannir la haine et les mélis-mélos pour faire progresser le pays.
Le chemin de la croissance et du développement durable passe par l'unité, une vision commune et la foi en des valeurs partagées, pour reprendre presque notre devise « Un Peuple, Un But et Une Foi ».
Dans ce contexte complexe, toutes les parties prenantes sont à la recherche de nouvelles options.
A l'ANDD-R, nous continuerons de miser sur les principes de développement durable et responsable, la démocratie et la justice sur lesquels aucune concession ne peut être faite.
Cependant, des mutations sont inévitables.
La plateforme ANDD-R s'engage à rester ouverte à tout qui sert l'intérêt national, tout en acceptant de se remettre en question pour rester pertinente et efficace dans la construction d'un Sénégal souverain, juste et prospère.
Nous avons également pris bonne note de toutes les recommandations et propositions formulées.
Elles seront examinées avec la plus grande attention et nous poursuivrons la réflexion sur les prochaines étapes à franchir, ensemble.
Encore une fois, un immense merci à tous pour votre détermination et votre aimable attention.


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